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Irak: les barrages se remplissent après des pluies abondantes


Mercredi 8 mai 2024 à 05h02

Darbandikhan (Irak), 8 mai 2024 (AFP) — Les récentes pluies en Irak ont augmenté les réserves en eau des principaux barrages qui ont retrouvé un niveau inédit depuis 2019, ont indiqué des responsables dans le pays, frappé par quatre années de sécheresse consécutives.

Au milieu d'un paysage vallonné de montagnes rocailleuses du nord-est de l'Irak, l'immense réservoir du barrage de Darbandikhan, construit sur le fleuve Sirwan, est quasi-plein: l'eau arrive à quelques mètres seulement en deçà de la route longeant le bassin.

"La capacité de stockage du barrage est de trois milliards de mètres cubes. Aujourd'hui avec les réserves disponibles, il ne manque que 25 centimètres d'eau pour pouvoir dire que le barrage est plein", confirme dimanche à l'AFP Saman Ismaïl, directeur du barrage dans le Kurdistan autonome, au sud de Souleimaniyeh.

"Dans les prochains jours on pourra dire qu'il est rempli", pronostique-t-il rappelant que la dernière fois où Darbandikhan a été "totalement plein", c'était en 2019.

"Après 2019, nous n'avons eu que des années de sécheresse et de pénuries", poursuit M. Ismaïl, citant "les changements climatiques dans la région, mais aussi la construction de barrages hors des frontières du Kurdistan".

Outre des précipitations en recul et une hausse des températures, Bagdad fustige la construction de barrages chez ses voisins en amont, en Iran et en Turquie, qui réduisent fortement le débit des fleuves arrivant en territoire irakien.

Cet hiver, toutefois, les précipitations sont venues quelque peu soulager un Irak considéré comme un des cinq pays au monde les plus exposés à certaines répercussions du changement climatique.

Dans un pays immensément riche en hydrocarbures mais aux infrastructures en déliquescence, les pluies torrentielles ont aussi provoqué des inondations dans les rues d'Erbil, capitale du Kurdistan, ainsi que dans la province agricole de Diyala (centre), où des habitations ont été détruites. Quatre randonneurs ont également péri au Kurdistan.

- "L'eau est une bénédiction" -

Directeur de l'Autorité des barrages au ministère des Ressources hydriques, Ali Radi Thamer confirme que la plupart des six principaux barrages irakiens affichent des réserves d'eau en hausse.

Au barrage de Mossoul, "le plus grand" avec une capacité d'environ onze milliards de mètres cubes, "le niveau de stockage est très bon, nous avons profité des pluies et des inondations", indique M. Thamer, rappelant que l'été dernier "les réserves d'eau" du pays "ont atteint un plus bas historique".

"Les réserves disponibles aujourd'hui auront des impacts positifs sur tous les secteurs", ajoute le responsable, citant "l'agriculture, le plus gros consommateur, les stations d'épuration qui fournissent l'eau potable" ou encore l'irrigation des mythiques marais dans le sud du pays.

Lui aussi confirme que l'année 2019 avait été marquée par "une forte hausse des réserves en eau", avant "quatre saisons de pénuries successives".

Le dossier de l'eau représente un enjeu de taille pour l'Irak, pays de 43 millions d'habitants, confronté à une grave crise environnementale. Les étés sont particulièrement rudes, avec des températures caniculaires frôlant les 50 degrés Celsius.

"Certes aujourd'hui nous avons des pluies et des inondations, des réserves en eau qui se sont relativement améliorées, mais cela ne signifie pas la fin des pénuries", avertit M. Thamer. "De fait nous pouvons avoir des années humides et d'autres marquées par la sécheresse ou les pénuries".

A environ cinq kilomètres au sud de Darbandikhan, les terrasses près des cabanons d'un petit établissement touristique construit sur le fleuve Sirwan ont été englouties par les eaux. Toutefois, le propriétaire Aland Salah préfère voir le verre à moitié plein.

"L'eau de la rivière Sirwan est une bénédiction, quand le débit augmente la région embellit", confie le jeune homme à l'AFP. "Certes nous avons quelques dégâts, mais nous allons continuer à travailler".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.